ROUSSEAU A REBROUSSE-TEMPS

Nous sommes le 9 Juin 2012, il est 16h00, 250 ans à l’heure près, après la fuite de Rousseau vers l’exil. Au milieu de la grande pelouse règne une forte agitation. Plusieurs Rousseau se hèlent, s’encouragent, s’invectivent. Répartis au milieu du public, ils mettent la dernière main à leurs maigres bagages. Le temps manque et la police ne va pas tarder:
Le parlement vient de prononcer un décret de prise de corps à l’encontre de Rousseau et condamne son dernier ouvrage, l‘Émile, à être lacéré et brûlé en place publique. En fuite vers l’exil, Rousseau se raconte au spectateur. Il se remémore son parcours, depuis sa naissance jusqu’à l’écriture de ses œuvres montmorencéennes qui l’ont porté au pinacle puis entraîné vers l’enfer.

UNIVERS

La forme même du spectacle, qui débute le 9 Juin 1762 pour remonter le temps, adopte le principe rétroactif et biographique des « Confessions », dimension renforcée par les dialogues en proximité du public, qui sont un heureux écho des « Dialogues ». La dimension déambulatoire du spectacle s’inspire de la propension de Rousseau pour la promenade philosophique, qui prend corps dans les « Rêveries du promeneur solitaire ». Diverses séquences s’appuient sur les questionnements qui transparaissent dans ses correspondances, et notamment dans la « Lettre à d’Alembert sur les spectacles », écrite à Montmorency.
Plutôt que d’asséner telle ou telle vérité, la démultiplication du personnage permettra également de présenter Rousseau dans sa dimension plurielle: Rousseau sera jeune, âgé, homme, femme, noir, enfant, malade, enthousiaste, aigri, amoureux… De manière à restituer au plus juste les dimensions littéraires, philosophiques et historiques du personnage, l’écriture du projet s’appuie sur les dernières recherches menées autour de l’homme et de son œuvre.

ENJEUX

Commande de la ville de Montmorency, cette promenade-spectacle donne écho à l’œuvre de Rousseau, en mettant un accent particulier sur les années 1756 à 1762, pendant lesquelles il vécut à Montmorency.
De manière à toucher un large public, et sans doute pour aller plus encore à la rencontre de la dimension sensible de son œuvre, le projet a une forte dimension visuelle, qui permet de découvrir Jean-Jacques Rousseau sous d’autres jours. Réduire cet homme de génie à un bourreau qui abandonna ses enfants, ou bien à un poète mélancolique et préromantique, c’est méconnaître sa pertinence et sa lucidité. Rousseau est un personnage rugueux dont l’œuvre et la vie n’ont pas fini de nous interroger.